Indy signe un contrat

« Si on t’avait dit que tu signerais ton premier contrat d’édition dans un camping-car » ai-je plaisanté en regardant Sophie apposer ses initiales en bas de chaque page du document estampillé Indigraphe.

Nous sommes dans la première quinzaine du mois d’août. Le cagnard recharge les 400 watts de panneaux solaires d’Indy. Ses parois suent. Même les pétanqueurs sont au repos, une mousse à la main, les boules gisantes à l’ombre des platanes ; il faudra quelques heures avant de pouvoir pointer et tirer à nouveau, sans risque de se griller la paume.

Indy, c’est le camping-car à tout faire.

J’y dors, mange, bois, médite et bien sûr… j’y travaille.

Ce jour-là, mon portefeuille bien rangé (cf. Indy accueille Justine), je suis à Argenton-sur-Creuse. Je rencontre Sophie. Nous nous connaissons par le biais de nos smartphones respectifs mais nous ne nous sommes jamais côtoyés en chair et en os. Pourtant, une amitié est déjà nouée. Nous le sentons.

Nous avons adoré ce travail à quatre mains sur son manuscrit… Soyons honnêtes, c’est à l’autrice que revient le mérite. Alors, elle écrivait à trois mains et je venais adjoindre ma griffe en soutien.

Ok ! Tu es largué.e ? Mais que fait-il cet auteur nomade ?

Il écrit ? Il édite ? Il en vit ?

Oui, oui et non !

Cette chronique est l’occasion de me dévoiler un peu plus à toi ; enfin de te dessiner quelques détails de ma vie professionnelle et du cheminement qui m’a conduit à ce blog, à la vanlife.

Ma vie pro…

Longtemps, j’ai été « as arpentant les rues » comme je l’ai écrit dans une chanson qui se languit au fond d’un tiroir…

Traduis ce vers par attaché commercial avec attaché-case, attablé au comptoir d’un bistrot avec une bière après chaque contrat signé, pour fêter la pression de l’objectif qui diminuait…

Depuis six ans, je suis passé de l’autre côté de la barrière comme l’on dit bêtement ! Je suis passé du côté de ceux qui apprennent aux autres à comment mériter une blonde à bonne température. Cela fonctionne aussi avec les rousses, les brunes, les ambrées…

Attention malgré tout, il y a d’autres rendez-vous à assurer dans une journée ! Nous avons dit, diminuer la pression, pas l’évacuer totalement ni s’en imbiber !

Tu l’auras compris, je suis donc à mon compte, pour reprendre l’expression consacrée. Un organisme de formation au sein duquel je travaille seul… J’enseigne le management et la relation client ; reflet de l’expertise que j’ai acquise au cours des vingt dernières années.

Expertise, tu as dit ? Le mot est fort. Restons humbles Monsieur l’auteur nomade.

Disons alors que j’enseigne les quelques balbutiements que j’ai pu observer en entreprise au cours des vingt dernières années. En fait, je dispense « pas grand-chose » à des gens qui pensent en savoir encore moins que moi. « Je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien », comme disait Socrate.

Je te vois venir. Tu rigoles !

Tu te gausses… Et tu as bien raison ! Oui, il est cocasse pour un vanlifer de vouloir consommer moins, d’avoir une vie plus minimaliste tout en apprenant aux autres à vendre plus et mieux… Tempérance mon ami ! Compromis sur le chemin de nos idéaux ! Je fais de mon mieux pour bouffer tout en essayant de donner du sens. Je t’en reparle dans quelques lignes !

Mon entreprise a connu des débuts chaotiques. J’étais en passe de redresser la barre quand survint l’inattendu à l’aube de mes quarante ans ! Un léger pépin de santé ! Léger… Enfin, léger du style à te foutre entre quatre planches !

Non, me suis-je dit ! J’aime trop la vie alors j’ai tout mon temps pour aller voir les suivantes…

Mais du coup, une fois mon petit cœur guéri, il a fallu sauver la boîte qui elle a bien failli finir entre les quatre murs du tribunal de commerce.

Hé bien non, votre honneur ! J’objecte !

Un dépôt de bilan dans la vie, ça suffit… deux c’est trop… « Tiens, si on ne se donnait pas rendez-vous tous les dix ans ».

J’ai donc décidé, la encore, de redresser la barre, non sans quelques larmes épisodiques, doutes vespéraux, angoisses matinales… Parfois…

Merci le développement personnel. À l’instar d’un musicien qui prend plus de plaisir en jouant une partition qu’il comprend, j’ai dans mes joies, dans mes peines, dans mes colères, appris l’infini bienfait de traduire les notes qui résonnent dans mon corps et dans mon âme. Cela m’a sauvé, m’a renforcé et avec du recul, bon dieu que cette période compliquée fut heureuse et riche d’enseignements, de nouvelles ressources. J’ai sauvé ma boîte, j’ai sauvé mon choix de vie et sans cela, l’aventure auteur nomade aurait été plus difficile à mettre en œuvre.

En attendant d’accomplir une transition professionnelle complète

Avant l’infarctus, je voyais bien que quelque chose ne tournait pas rond. Quand, au quotidien, tu marnes avec de grandes difficultés pour faire avancer tes projets, c’est qu’il y a des choses, des causes, pas alignées.

Alors, j’ai appelé ma copine Nath… coach en développement personnel ! Nous avons travaillé à m’autoriser à vivre cette fameuse mission de vie, à réussir en me détachant du culte de la performance, de la toute-puissance… À me libérer de l’ego… Qui souvent revient au galop !

Le constat était : « j’aime ce que je fais mais je ne vibre pas ! » Et oui, dans le boulot comme en amour, il faut que ça frémisse au fond de mon ventre, sinon je m’emmerde et je pars.

Deux ans de coaching, deux années à rire, pleurer, s’interroger, progresser, s’épanouir, cultiver ce qui avait été semé…

Et vint ce moment où l’on a senti, Nath et moi, que le rideau sur l’écran était en train de tomber, où l’on a respiré, non sans une certaine mélancolie heureuse, le parfum de la dernière séance.

Ma situation financière s’était grandement améliorée… Si je n’avais pas énormément nourri mon livret A, j’avais soldé une grande partie de mon passif. Je sortais la tête de l’eau financièrement parlant, ce qui aide à libérer l’esprit quoique j’en pense.

Nathalie sortit un jeu de cartes… Pas celui composé de rouges, noirs, piques, cœurs, carreaux, trèfles… Non, diable, un peu d’ésotérisme ! Un jeu de cartes oracles.

J’adore les cartes ! Certains collectionnent les montres, moi ce sont les cartes, d’autant plus depuis cet épisode avec ma coach, devenue amie.

Nous jouons avec le jeu de la vie…

Je tire deux figures.

La première qui sort : maître spirituel. C’est une confirmation. Non pas de ma faculté ou de mon désir de devenir gourou, loin de là mais de mon envie d’aider, d’accompagner les autres en transmettant de la connaissance, en partageant de l’expérience, en connectant mon intuition.

Tu l’as compris maintenant. La vente en tant que telle m’intéresse peu. Elle n’est qu’un prétexte pour me permettre de parler d’amour dans le monde professionnel… D’apporter ma pierre à faire en sorte que les gens, qu’ils vendent ou qu’ils managent, se sentent en phase avec eux-mêmes, soient bien avec les autres, écoutent leur corps, leurs émotions et participent à créer ce lien qui nous unit tous. L’amour, « parce qu’il n’y a qu’une seule race, l’humanité » comme disait Jaurès.

Voilà pourquoi, aujourd’hui encore, je poursuis dans cette mission de formation. Mais je te l’ai dit, il manquait la petite étincelle. J’ai donc tiré une seconde carte…

Nous avons souvent besoin d’un révélateur dans la vie. Pour moi, cet arcane livre aura lancé la dynamique… « Vous vous connectez à votre vocation au travers de votre intérêt pour les livres », est-il écrit dans le guide d’interprétation.

« Bon sang, je l’avais sous les yeux depuis vingt ans et je ne l’avais pas vu. » Nathalie resta silencieuse, un sourire au coin des lèvres.

Séance terminée, le rideau est tombé. Place au nouveau spectacle de ma vie, celui que Paulo Coelho appelle « accomplir sa légende personnelle ».

C’est décidé, je me lance dans l’écriture d’un roman…

Je suis la tête en arrière, béat, le soleil irradiant mon visage… Le choix fait, il était de bon ton d’aller prendre une bière, avec des moules et des frites ! Le paradis !

Très vite, et comme à chaque étape de mon existence, je me suis projeté dans cette vie d’écrivain. Je me visualisais me lever, m’installer dès les premières lueurs à mon bureau d’écolier en bois, aussi rustique qu’inconfortable, mon thé encore fumant, pour écrire. Une séance le matin puis se promener, s’inspirer, se documenter l’après-midi pour nourrir la matinée suivante.

Très vite, je me plais dans ce fantasme…

Très vite aussi, je me suis dit que ma vie serait incomplète si je ne faisais pas vivre en parallèle ma vocation d’entrepreneur… Pas pour l’argent, vous l’aurez compris. Je suis moins cigale aujourd’hui, mais de là à dire que je suis devenu fourmi… Il y a un pas, un fossé, un gouffre… Un roc, un cap, une péninsule ! Non, stop, ça, c’est une autre tirade…

J’ai besoin que mon cœur artistique cohabite avec ma fougue entrepreneuriale.

Alors ok, me suis-je faussement promis à l’époque… « J’y vais par étapes. J’écris le roman et on verra par la suite pour lancer une maison d’édition… »

Par la suite…

C’est une chose qui ne tient pas bien longtemps avec moi ! Cela me rappelle mon mariage… « Ok on se marie (on se connaissait depuis un mois) mais on fera un bébé plus tard… » Douze mois après naissait un merveilleux cadeau de la vie !

C’est ainsi que ça s’est passé pour la maison d’édition. J’ai rencontré Emmanuelle et nous avons décidé de lancer ce qui allait devenir Indigraphe.

Me voilà donc auteur, éditeur et toujours formateur.

À ce jour, je ne vis donc pas de ma plume, pas encore, mais j’arpente le chemin de mes rêves. Je continue de gagner ce qu’il faut pour ma subsistance en apprenant aux autres à bien se présenter, à poser les bonnes questions, à bien répondre aux objections, à tenir la promesse client avec authenticité… En proposant aux managers de mettre de l’humain dans leur quotidien, de faire appel à l’intelligence collective… Je poursuis ce doux vœu de mettre de l’amour dans le business… C’est ainsi que je donne du sens. Partager de l’amour, de la connaissance et favoriser la compréhension que nous avons les uns des autres. C’est cela mon « pourquoi », en attendant d’achever ma transition professionnelle et d’écrire librement sur les routes.

Tu sais (presque) tout

Je vis de la formation… métier que j’aime ! Je vibre par l’écriture et l’édition ! Remarque un métier sur trois qui rémunère, c’est déjà pas mal ! À tout cela est venue s’ajouter mon envie de nomadisme, de minimalisme…

Donc voilà ce qui m’a conduit à être avec Sophie, dans Indy, en cette après-midi aoûtienne… Nous avons travaillé plusieurs mois pour éditer son roman « L’ombre des possibles » et elle est officiellement devenue autrice de la maison d’édition en cette période de canicule, en signant son contrat sur la mousse défoncée des banquettes d’Indy.

Cette belle chose accomplie, il était temps de prendre quelques vacances. Me voilà donc sur les routes pour les premières étapes de mon périple solo… L’élevage de bisons, la cité du livre, la mer, le parc régional de la Brenne et marais de la brière… Voici le sommaire des prochaines chroniques.

7 commentaires sur “Indy signe un contrat”

  1. Que de chemins parcourus, d’expériences vécues. Et ce n’est pas fini. Ce que je prenais pour une instabilité est en fait une force. Cette force qui fait de toi un aventurier, un explorateur déterminé et curieux de tout. Un chercheur optimiste qui déniche le bonheur dans la relation à l’autre. Tu es quelqu’un de bien. Que tes nombreux projets se réalisent. Respect et affection

  2. Retour de ping : Indy dans la cité du livre de Montmorillon -

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