Indy accueille Justine

– Vous avez été des propriétaires en or… 

– Nous pouvons vous rendre le mot Sylvain, c’était super de vous avoir comme locataire.

C’est ainsi que j’ai rendu les clefs du 2a rue du couvent à des gens charmants. Je l’aimais bien ce nid douillet avec ses chambres mansardées, son poêle à bois, son grand garage ou j’avais pu entasser mon « bordel » … Au point de ne plus avoir de place pour y stocker les bûches !

Au revoir Martres… Au revoir ton clocher antique qui m’a servi de premier modèle photo, ta halle aux grains devenue le point de rencontre des chats et des pigeons, ton presbytère transformé en témoignage historique et culturel, ton tour de ville atypique, tes remparts, tes vestiges gallo-romains… Au revoir la cité artiste !

Je ne peux pas dire que j’en sois particulièrement nostalgique. Martrais depuis trois ans seulement, je n’y ai pas particulièrement d’attaches. Je suis simplement heureux d’y avoir fait étape. Arrête-toi si tu passes à l’orée du piémont pyrénéen, les faïenciers méritent le détour… Le bleu de martres, tu connais ?

L’émotion, tu t’en doutes, provient plutôt de ce saut dans le vide, tant attendu et pas moins redouté. Cette fois, plus de filet de sécurité… Je suis officiellement sans domicile fixe et mis à part mon matériel professionnel, tout ce que je possède tient dans les quelques mètres carrés d’Indy. C’est quand même la différence avec beaucoup de SDF. Il me reste des affaires à moi dans un beau camping-car d’occasion et c’est une vie choisie.

Aujourd’hui, on n’a pu le droit…

Les premiers tours de roue

J’explore les alentours. Officiellement, j’ai besoin de rester en bordure du Comminges et du Saves pour régler quelques dossiers professionnels. Officieusement, j’ai besoin de temps pour laisser place à de nouveaux repères, à de nouveaux repaires, doucement. Alors, je demeure quelques jours dans les environs que je connais, dans ces contrées familières en attendant le départ en vacances.

Il y a malgré tout, déjà un parfum d’aventure. Dormir au bord du lac de Boussens avec le ballet des canards qui t’accompagne au moment de l’apéritif, ne donne pas la même vision de la ville que lorsque tu laisses ta voiture sur le parking de la gare pour un rendez-vous toulousain. Idem pour Cazères… Le coucher de soleil sur la Garonne est splendide. Je n’en avais guère profité ainsi durant ma vie sédentaire.

Un regard différent

Un regard différent, un autre filtre que j’immortalise avec mon lumix G9. Je suis fier comme le patron d’un bar tabac avec mon appareil photo dans les mains. Une passion qui me titille depuis des années. Ce périple sera l’occasion de l’assouvir et de te la partager.

Je pars de loin, de zéro même en termes de connaissances photographiques, mais je sens poindre cette flamme, cette envie d’écrire avec la lumière.

Moi qui ne lis jamais un mode d’emploi, me voilà plongé dans les pages du manuel. Je ne comprends pas tout encore. Vitesse d’obturation, ouverture, exposition, profondeur de champ, diffraction, timelapse… Je te confirme, c’est du made in china dans ma tête. Et ensuite, il faudra se former aux prises de vues vidéo, au son, au montage… pour nourrir le compte instagram, animer ma page Facebook, lancer la chaîne youtube, chroniquer sur le blog… Ouf, au moins un truc que je sais à peu près faire !

Le chantier est immense, ma soif cognitive tout autant. Je me lance dans toute une série de formations en ligne. Merci udémy ! Merci Bernard Bertrand pour la qualité de ton module d’initiation.

Je compte bien entendu sur ta mansuétude. Je vais progresser et te livrerai des contenus de plus en plus qualitatifs. Promis !

Justine arrive… Que les vacances commencent !

Nous sommes dimanche soir, je viens de dîner… J’attends ma fille qui va m’accompagner pour les premiers jours de vacances.

Nous avons un peu de route… direction le Berry ! Ok je sais, ce n’est pas la destination qui sur le papier fait le plus exotique pour un premier périple mais un détour pour voir papa, puis maman, au début des congés, c’est plaisant aussi. Et puis, il faut bien présenter Indy à la famille.

Réveil à Gimont… Il est cocasse d’avoir des oies qui passent en chantonnant au milieu des camping-cars à six heures du matin. Nous sommes arrivés de nuit. Nous découvrons la beauté du site en même temps que la rosée s’écoule sur les baies d’Indy. Petit déj’, promenade autour du lac. Nous discutons avec une dame qui elle, échange avec les palmipèdes ! Les anatidés sont volubiles à l’heure du café, d’autant qu’elles connaissent bien la dame qui vient les soigner chaque matin.

Nous reprenons notre itinéraire en évitant les autoroutes. Auch, Agen, Bergerac, Périgueux seront nos villes étapes avant de rejoindre Valençay.

Justine travaille dans Indy pendant que je roule. Sympa de faire son stage de fin d’études en télétravail dans une maison roulante !

– J’ai ronflé ma puce ?

– Un peu mais ça m’a moins dérangé que d’habitude.

Après trois jours de voyage, Justine et moi pénétrons en terre berrichonne.

Visite du musée de l’automobile, vélo rail, pôle de l’âne et du cheval (je te ferai une chronique sur les ânes, je suis tombé fou amoureux de cet animal) et bien sûr les châteaux… « Ah non-stop les châteaux » me dira Justine après avoir vu ceux de Jumilhac et de Valençay.  « J’en peux plus ! ».

Bien ma fille, j’ai compris, viens, allons boire une bière. « Ah ça, ok » !

C’était sympa ces quelques jours avec la famille.

Indy est dans le jardin chez maman ; rangé, propre, prêt à faire pétarader ses 128 chevaux… (Tu l’aurais vu, il était rutilant au milieu des ânes… il n’a pas encore compris la notion d’homonyme mais bon on va se programmer des ateliers d’écriture).

Il est temps pour moi de partir seul sur les routes…

Mon portefeuille, qu’ai-je fait de mon portefeuille ? « Oh merde » m’écriai-je en regardant maman dans les yeux ! Quoi ? Me répond-elle interloquée… J’ai oublié mon portefeuille dans le sac de Justine…

Petit Rembobinage…

Nous sommes la veille donc… Prêts à enfourcher notre véhicule ferroviaire léger, propulsé par l’énergie musculaire des passagers au moyen de pédaliers ! C’est ainsi que l’on définit le vélo rail dit aussi cyclodraisine. Ben oui, tu es sur les chroniques de l’auteur nomade alors autant nommer les choses comme elles se doivent et apprendre de nouveaux mots !

Justine pédale, ça file

Bref, nous sommes prêts à l’effort et me vient cette idée lumineuse que les hommes ont depuis l’invention du porte-billets : « ma puce, tu prends mon portefeuille dans ton sac ? ». « Oui, paddy » (c’est la contraction de Papa et de Daddy).

Bon jusque-là tout va bien.

Sauf que ce matin-là, la gueule enfarinée disons-le, nous accompagnons Justine avant le lever du soleil afin qu’elle prenne un bus puis un train puis un bus pour rejoindre sa maman à elle et voir son arrière-grand-mère avant de mettre les voiles pour s’installer définitivement en Argentine… Je sais, cela fait une longue phrase mais ma fille est un peu globe trotteuse alors tu comprends maintenant, avec ce bavardage plein de locutions et de digressions, ce que veut dire difficile à suivre ! Je l’aime ma fille, j’en suis fier.

Bref, elle est partie depuis une heure quand un soupçon d’acuité me revient. Je cogite en commençant à me rendre à l’évidence. J’ouvre sans conviction une dernière fois la boîte à gant d’Indy, vide ma sacoche, passe ma main entre les sièges…

Non, définitivement, mon morlingue est bien assis sur le siège 42, voiture je ne sais plus combien d’un train en direction de La Rochelle…

Oh merde ! J’en étais là tout à l’heure, t’as suivi ?

Bon, ben tant pis ! Une journée de plus avec maman, je partirai après une nuit supplémentaire dans le foyer maternel. Justine est allée directement à la poste en arrivant dans la capitale de l’Aunis.

Chronopost express. Je serai livré demain avant midi…

Enfin presque !

C’était sans compter cette ultra qualité de service et de relationnel client du spécialiste de la livraison en 24 heures ; dit aussi le « champion du report » sur les réseaux sociaux. Je n’aime pas balancer habituellement et encore moins m’énerver pour une broutille matérielle mais j’avoue que là, la colère m’a un peu emporté !

Villours, tu connais ? Non ? C’est normal. Il n’y a qu’une bonne quinzaine de maisons… Une rue principale…

Eh bien, le livreur n’a pas trouvé l’adresse indiquée. C’est vrai que je n’avais pas mentionné le numéro mais une seule route, un pâté de quelques logis et il n’a pas trouvé l’adresse ! Je vous passe les péripéties à essayer de le rappeler, l’inutilité du service client qui ne peut pas laisser de messages à ses chauffeurs, les questions idiotes du style « voulez-vous que l’on reporte la livraison ? ».

Mais non madame, vous n’avez qu’à garder mon permis, ma carte d’identité, mon assurance, mes cartes bleues, mes photos des enfants !

Bien sûr que je veux que tu « reprogrammes » la livraison ! (Non, non, aucun nom d’oiseau n’a suivi cette réplique !)

Tant pis, la vanlife seul, ce sera pour le lendemain… enfin j’espère !

Vue du musée de leblanc avec Justine

Alléluia

Yes, yes, yes ! Après deux heures à avoir guetté porte et fenêtres ouvertes la camionnette blanche estampillée « vous n’êtes qu’un numéro sur un colis », je l’ai dans les mains ce satané écrin de cuir. C’est bon, Je peux prendre la route.

Et là, le stress redescendant, dans un élan de lucidité, je m’interpelle : en fait à la base, c’est bien toi qui as oublié ce portefeuille. Ok chronopost, pas top, mais à la base ? Qui a oublié sa tête ? Monsieur Martin, je vous prescris une séance de méditation sur l’accueil des émotions dans le moment présent… Je vous jure ça vous fera du bien…

Les tracas oubliés, le mea culpa fait, je m’élance paisible au volant d’Indy, warning allumé en guise d’au revoir à Maman, direction argenton sur creuse pour rencontrer Sophie une autrice d’Indigraphe… Indy, Indigraphe ? Tu l’as ?

Et après, ce sera cap à l’ouest… Il y a trop longtemps que je n’ai pas vu la mer !

9 commentaires sur “Indy accueille Justine”

  1. Sympa ce récit et rigolo. La draisine était employée par les ouvriers de maintenance des voies de la SNCF. Enfant j’aimaIs cet engin animé par la force des bras.

  2. Comment ça, c’est pas exotique le Berry !!! Et Georges Sand, et Chopin, et Jacques Cœur et j’en passe. C’est vrai, y’a pas la mer mais… au rythme du réchauffement, elle viendra (ou plutôt elle reviendra) bien un jour. Merci pour cette lecture du dimanche soir.

  3. Retour de ping : Indy signe un contrat -

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.